jeudi 17 juin 2010

La chèvre

L’été, je travaille dans le nord québécois. J’habite dans des campements forestiers. Souvent je dois changer d’endroits, de camps. Jusque là sa vas plutôt bien. Donc, je passe souvent d’un endroit à l’autre voyez-vous? Mais le problème est qu’à chaque fois que je change, à chaque fois, j’entends un bêlement de chèvres. Un seul bêêêê^^^^^^e puis c’est fini. À chaque fois je regarde par la fenêtre de ma chambre, tout curieux et à chaque fois je ne vois rien et je n’entends plus rien. Rien en ce qui concerne les chèvres en tout cas. J’aimerais ça en voir une mais je sais trop bien que la chèvre la plus proche doit être à plus de cinq ou six cents kilomètres à vol d’oiseaux. Pas à vol de chèvres. Donc sa lui ferait une méchante trotte pour venir bêler qu’une seule fois puis repartir. Bêêêêê^^^^^^e.
Mais je m’attache à cette chèvre. Je me l’imagine blanche. C’est mieux que rien. C’est mieux que pas de couleurs du tout. Je m’attache à cette chèvre. Je lui invente un berger. Dans ce cas ci, le berger est nain. Je les imagine en chaloupe sur un lac du nord. Je la vois qui plonge son museau dans l’eau et que finalement elle la trouve froide. Ce qui fait évidemment rire le berger pendant de longues heures.

mercredi 16 juin 2010

Le petit trou

Justin est le nom de l’enfant dont je parle dans histoire. Justin est aussi le petit garçon de mon amie. Il était très gentil et riait toujours de n’importe quoi. Ce jour là le soleil circulait très lentement dans le ciel. C’était l’été. Je ne commencerais pas à décrire ce que c’est qu’un été; je ne suis pas là pour ça. Si vous êtes incapable de vous en imaginer un, prenez n’importe quelle description d’été que vous avez déjà lu et appliquez la ici.― Nous étions assis sur le balcon de ma copine, moi et Justin. Elle m’avait demandé de le garder pour environ une heure le temps d’aller faire des commissions. Au début il ne se passait pas beaucoup de choses. Justin jouait avec un camion. Nous étions au troisième étage du bloc et lorsque que l’on regardait en bas nous avions peur de tomber. À vrais dire je ne savais pas trop quoi lui dire ni trop quoi faire. Avec son insouciance et assurance parfaite, on aurait dit que ce petit garçon m’intimidait plus que n’importe quel adulte.
D’un instant à l’autre, il se désintéressa de plus en plus de son camion et porta son regard sur un minuscule petit trou qu’il y avait sur la surface du balcon. C’est vrai que c'était plutôt intéressant. Je constatais que le contre-plaqué qui était en surface était pourri et que décollait la peinture. Je me suis agenouillé près de Justin et à côté du petit trou. Il commença à joué dedans, à gratter et à enlever des petit morceaux. Il me regardait en riant. Je trouvais le trou de plus en plus captivant et je commençais moi aussi à enlever des petits morceaux. Souvent c’était des petits et parfois c’était des gros. Après dix minute je trouvais que ça faisais mal au doigt. J’avais les ongles qui saignaient puis c’était tannant. Je suis entré dans le logement et en un rien de temps je suis ressorti avec deux petits tournevis aux bouts plats. Il y avait un rouge et un bleu. J’ai laissé Justin choisir lequel il voulait. Il prit le bleu en me regardant. J’étais déçu de devoir prendre le rouge même que j’ai passé à un cheveu de laisser le trou et d’aller m’assoir sur ma chaise. Mais avec les outils ça allait beaucoup mieux donc j’ai poursuivi. J’étais capable d’enlever des plus gros morceaux. Le trou commençait à devenir gros mais je n’ai pas mis trop de temps à noté que je perdais mon temps. J’ai donc quitté le trou pour chercher un gros arrache-clou dans le coffre de ma voiture. À mon retour Justin n’avait presque pas avancé. Avec mon nouvel outil c’était très rapide. Je ne me souviens plus, mais surement que je souriais et que j’étais contant. En à peine cinq minutes j’avais presque toute la première couche de contre-plaqué qui recouvrait le balcon. Je trouvais que les barraux de la rampe nous gênaient et nous empêchaient d’aller plus rapidement. Je commençais à n'en enlever que quelques-uns puis un coup parti je décidais de tous les enlever. Je mettais les clous dans un contenant qui avait servi pour les crotons. ―Un récipient identique à ce que je me servais lorsque j’étais petit pour mettre mes vers de terre. À chaque fois c’était un nouveau contenant puisque avec l’histoire des truites que je prenais et tout, j’oubliais toujours sur la berge mon plat de vers de terre. Le soir avant le jour de la pêche je partais derrière la maison de campagne où j’habitais puis je ramassais des vers de terre qui se trouvait souvent sous les planches encrées dans le sol. Lorsque je revenais je prenais soin d’y ajouter de la terre noire, de l’humidifier avec de l’eau et de percer des minuscules petits trous dans le contenant. Mon grand frère disait, qu’un seul trou était suffisant, qu’avec un seul trou les vers de terre ne manqueraient pas d’oxygène durant la nuit. Moi j’en faisais cinquante puis toujours un autre à la fin pour être sûr.
J’avais déjà une partie des bardeaux d’enlevé et je commençais à regarder, à l’intérieur, les armoires de la cuisine quand j’ai entendu la voiture de mon amie dans le stationnement, tout en bas. De loin, elle nous regardait puis elle avait l’air de nous trouver beau, comme ça à jouer ensemble moi et son garçon.

L'histoire se passe dans le désert

L'histoire se passe dans le désert

Étendu sur le ventre, l’homme peine à se tourner pour regarder le ciel. Celui-ci, presque blanc, tellement il semble bleu, exerce la procréation de bulles. Des bulles, qui souvent éclatent à coups de trois ou quatre dans un bruit particulier, semblable au son amplifié de trois ou quatre yeux de séduisantes filles, qui s'ouvrent un matin de printemps. C'est la première fois que l'homme voit de ces bulles, si juteuses. Couché sur le dos, les yeux mi-ouverts, il s'y attarde quelques heures.
Il commence à penser. En combattant la gravité, il réussit à s'asseoir. En indien sur le sable, il lui vient l'image d'une fanfare dont les membres éclatent les uns après les autres à coups de trois ou quatre. Il s'y attarde longtemps.
Il entre un doigt dans le sable. Cela apaise le désert. Toujours avec son doigt, il trace le dessin d'un mouton. Un mouton que jamais il n'a vu. Il le regarde vivement puis d'un seul coup, l'homme ouvre les yeux complètement. Mais, le mouton ne bouge point. Il regarde l'horizon et fait signe qu'on vienne à lui. Mais, l'inexistence humaine et animale du désert sait très bien qu’elle ne peut venir le voir. Sinon, elle serait un peu troublante. Il sourit. Des pattes d'oie se moulent aux traits de ses yeux. Il s'agenouille et boit un tout petit trou d'eau rond. Le seul. Il raidit tous les muscles de son corps et écoute intensément les sons du désert. Il lève debout son grand corps et se met à la danse; la Makusham. Danse traditionnelle d'un peuple amérindien, appelé Innu, que jamais il n’a connu. À chaque pas, il écrase un malheureux petit poussin imaginaire en sautant deux fois consécutives sur chacun. Puis, il se rassoit et remet en vie les soixante-dix-sept petits poussins qu'il vient d'aplatir et ce, en les imaginant toujours à son mieux. Cela prend aussi un certain temps.
Le soleil se couche maintenant. L'homme s'humecte les lèvres avec une passion intrigante. Ensuite, il urine. Cela crée un tout petit trou d'eau rond. Le seul. Il passe sa main sur le sable pour faire disparaître le mouton. Il se couche sur le ventre.
Comme à toutes les nuits alors qu'il dort, une grenouille de couleur pas très opaque vient le regarder de façon gauche et perdue. Elle ne reste jamais plus longtemps que dix ou quinze secondes, puis elle repart. Lui, jamais il ne l’a su, mais elle est agaçante. Elle est très agaçante la petite.